Quand luxe et art ne font qu’un
01/07/2015
Aujourd’hui, l’art, au même titre que le vin et les voitures, a acquis une valeur marchande. Nous l’avons vu, certains tableaux se vendent à plusieurs millions d’euros au cours de ventes réservées uniquement a quelques initiés qui en ont les moyens. Parmi eux nous retrouvons des personnalités haut placées ou les futurs gagnants à l’euromillion. Face à la crise économique et à l’effondrement de la valeur de nombreux marchés, l’art semble être devenu un objet de placement, une assurance pour de nombreux investisseurs. L’art est-il toujours accessible à tous ? L’art a-t-il abandonné sa valeur morale au profit d’une valeur marchande ?
Les entreprises de luxe deviennent mécènes de l’art et de la culture
Pratiqué depuis des millénaires par des personnes riches ou des entreprises puissantes, le mécénat retrouve aujourd’hui ses lettres de noblesse. Il s’agit d’un engagement libre et durable de l’entreprise au service de la société ou de l’intérêt général sous la forme d’un don financier, d’un apport de compétences, de produits ou de technologies qui ne doit pas avoir de lien avec son activité marchande.
Cette pratique est en hausse et permet à l’entreprise de valoriser son image et sa réputation et de développer des nouvelles relations avec ses partenaires. En 2014, 159 000 entreprises françaises ont choisi le mécénat qui passe la plupart du temps par un don financier à une fondation. Les marques du luxe ont particulièrement intérêt à être proche de l’art. En effet, les marques de luxe s’inspirent des créations artistiques pour nourrir leur créativité et donner une image nouvelle à leurs produits : plus qu’un bien de consommation, les produits de luxe doivent désormais être des biens culturels. Pour cela, tous les moyens sont bons : développement des musées de marques comme le musée Dior ou la Maison de Famille de Louis Vuitton, expositions des maisons de luxe dans des lieux célèbres (Cartier s’expose au Grand Palais par exemple), ou encore la création des fondations.
L’on doit noter une préférence des entreprises envers les fondations. En effet, une fondation présente de nombreux avantages. La loi Aillagon de 2003 assure aux entreprises une réduction d’impôts égale à 60% de la donation, limitée à 5/1000 de leur chiffre d’affaires. L’intérêt financier est donc non négligeable. La fondation permet à l’entreprise de communiquer sur son engagement et ses valeurs et d’accroître sa notoriété en touchant un public plus large. En effet, l’art étant vu comme dynamique, tendance et ouvert à tous, une entreprise peut, à travers les événements de sa fondation, toucher le grand public. L’entreprise bénéficie d’une publicité gratuite grâce à la couverture médiatique des activités de la fondation.
Le mécénat renvoie une image positive et désintéressée d’une entreprise et met en avant son rôle social. L’entreprise Cartier a très bien compris les enjeux d’une fondation et a créé la sienne dès 1984. Chacune d’entre elles est différente et s’adapte à son entreprise. Les salariés, les collaborateurs et les partenaires sont souvent très impliqués au sein d’une fondation. Elles sont parfois critiquées, mais elles permettent néanmoins d’enrichir l’offre culturelle d’une ville et de contribuer à son rayonnement mondial ou international.
Le marché de l’art 2.0
Le marché de l’art doit désormais intégrer deux nouvelles dimensions propres à notre époque : la crise économique et la révolution numérique. Les œuvres d’art sont des objets de placement qui permettent de diversifier le patrimoine et qui ont une valeur tangible pour les investisseurs. Et pourtant, l’art plus que tout autre marché est soumis à la tendance et à la mode. Ce qui plait un jour peut déplaire le lendemain. Il faut donc bien réfléchir avant d’investir.
Désormais, les galeries sont virtuelles et les enchères se déroulent en ligne. Le marché devient mondialisé et les transactions se font en temps réel. À l’origine, le marché de l’art est opaque et accessible à une minorité, internet pourrait désormais ouvrir ce marché à tout le monde.
Les œuvres d’art uniques et originales se vendent à prix d’or. Ainsi, selon une étude (the online art trade 2013), le marché de l’art en 2012 a atteint 56 milliards de dollars, dont 1,6% a été attribué aux ventes dématérialisées. De plus, les ventes aux enchères en ligne attirent de nouveaux clients au profil différents de ceux qui fréquentent habituellement les galeries.
Gagner à l’euromillion peut donc vous permettre de profiter de nombreuses œuvres d’art. De multiples entreprises en ligne se spécialisent dans la vente et l’authentification d’œuvres artistiques. Le numérique permet également de dynamiser l’activité de tous les acteurs et institutions de l’art (musées, galeries, etc.). L’art numérique permettrait ainsi de légitimer et d’accroître la notoriété des artistes émergents et peut permettre, à terme, de démocratiser ce marché. Cet univers secret qu’est le monde artistique serait donc en passe de perdre un peu de son mystère et de devenir accessible au grand public.